Artistes, légendes, mystères et crimes – Le côté obscur de Perpignan
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La Fête des Fous – Le chaos médiéval
Le Campo Santo – Fantômes et grâce
Les procès des sorcières du Vallespir
Le loup-garou catalan – « El Llop »
La femme qui possédait le vent – Le mythe de la tramontane
La porte disparue de la rue de l'Incendie
Le saint à deux têtes de Saint-Jacques
La séance de spiritisme du Salon rouge – 1927
L'étrange affaire du tunnel des contrebandiers espagnols
Picasso à l'Hôtel de Lazerme – années 1950
Dalí déclare Perpignan centre de l'univers – 1963-1965
La Fête des Fous – Le chaos médiéval
Chaque hiver, Perpignan organisait la tristement célèbre Fête des Fous, un carnaval où l'ordre était bouleversé. Les ecclésiastiques jouaient aux dés sur l'autel, des évêques fantaisistes étaient couronnés et des statues grotesques en bois défilaient dans les rues au milieu de célébrations bruyantes.
Les enfants s'habillaient en cardinaux difformes, les habitants chantaient des chansons à boire à l'intérieur de la cathédrale et le chaos régnait pendant une journée. Bien que l'Église ait finalement tenté de l'interdire, les habitants de Perpignan adoraient leur rébellion annuelle et le souvenir de cette folie perdure encore aujourd'hui. Peut-être est-il temps de relancer cette tradition ?
Le Campo Santo – Fantômes et grâce
Le Campo Santo, autrefois un cimetière cloîtré à côté de la cathédrale, est considéré comme l'un des endroits les plus paisibles et les plus hantés de la ville. On raconte que les moines qui y sont enterrés errent dans les cloîtres la nuit et certains affirment avoir vu d'étranges lumières flotter au-dessus des vieilles pierres tombales. Aujourd'hui, cet espace est utilisé pour des concerts et des spectacles, mais sous la scène, des siècles d'histoire reposent tranquillement dans des tombes en calcaire.
Les procès des sorcières du Vallespir
La région montagneuse située juste à l'intérieur des terres de Perpignan, le Vallespir, a connu plusieurs chasses aux sorcières entre les XVIe et XVIIe siècles. Les malheureuses femmes étaient accusées d'apporter le vent de tramontane ou de « voler la virilité des hommes ». Perpignan, en tant que centre provincial, organisait les procès des sorcières et certaines des pauvres victimes étaient incarcérées au Castillet avant d'être exécutées.
Le loup-garou catalan – « El Llop »
Dans le folklore pyrénéen, en particulier près de Prats-de-Mollo, il existe un personnage de loup-garou connu sous le nom d'El Llop. Certaines légendes racontent qu'il parcourait les remparts de Perpignan au solstice d'hiver à la recherche de « faux Français ».
La femme qui possédait le vent – Le mythe de la tramontane
Perpignan est régulièrement balayée par la tramontane, un vent violent du nord qui souffle depuis les Pyrénées. Selon le folklore local, une herboriste du XIXe siècle nommée Bernadette Torroja affirmait pouvoir prédire et même apprivoiser la tramontane à l'aide de bouquets de thym et de morceaux de fer.
On disait qu'elle « possédait le vent » et ses voisins lui rendaient visite chaque fois que le bétail devenait nerveux ou que les enfants tombaient malades. Après sa mort, des rafales auraient ouvert ses volets au moment où elle était enterrée et les habitants disent que sa maison siffle toujours plus fort que les autres pendant les tempêtes.
La porte disparue de la rue de l'Incendie
Une légende étrange entoure une porte en ruine de la rue de l'Incendie, dans l'ancien quartier juif. On raconte que cette porte, aujourd'hui murée, menait autrefois à la maison d'un rabbin qui a pris feu lors d'un pogrom au XIVe siècle.
Selon la légende, la porte n'apparaît qu'aux personnes en deuil ou perdues. Des personnes ayant vécu une tragédie personnelle ont rapporté avoir vu la porte intacte, brillant faiblement, juste avant l'aube. Certains disent que si vous frappez trois fois et murmurez le nom « Isaac », vous entendrez des pas derrière le mur.
Le saint à deux têtes de Saint-Jacques
Dans le quartier Saint-Jacques, qui abrite la communauté gitane très animée de Perpignan, se trouve une petite chapelle qui, selon la rumeur, aurait autrefois abrité une relique d'un saint à deux têtes. L'histoire raconte que les ossements ont été trouvés dans la sacoche d'un croisé et déposés dans l'église pour y être conservés.
Lorsque la relique a ensuite été « perdue » (ou volée), les paroissiens ont rapporté avoir entendu des voix se disputer dans les combles et vu des bougies se rallumer mystérieusement. Aujourd'hui, il n'y a aucune mention officielle de la relique, mais les habitants continuent d'allumer des bougies pour le « sant de dues veus ».
La séance de spiritisme du Salon rouge – 1927
En 1927, la propriétaire d'un hôtel particulier près de la place Arago affirmait être en contact avec Napoléon Bonaparte, qui lui était apparu lors d'une séance de spiritisme dans son salon rouge. Cette médium, connue sous le nom de Madame Verdel, fit sensation pendant un temps dans la haute société perpignanaise.
Les responsables municipaux, dont l'adjoint au maire, assistaient à ses séances. Lorsqu'un journaliste sceptique a publié un article cinglant dans Le Petit Catalan, elle aurait jeté un sort à son imprimerie, qui a été victime d'un mystérieux incendie deux semaines plus tard.
L'étrange affaire du tunnel des contrebandiers espagnols
Au début des années 1800, un tunnel secret aurait été creusé entre Perpignan et la ville voisine du Boulou, à environ 20 km, par un contrebandier espagnol connu sous le nom de « L'Enganyós » (le trompeur).
Utilisé pour transporter du tabac, de la soie et, plus tard, des armes à feu, le tunnel débouchait apparemment dans l'arrière-salle d'une taverne près de la place Rigaud. Aucune trace complète n'a été trouvée, mais des cavités inexpliquées et des voûtes maçonnées ont été découvertes dans des bâtiments voisins. Quelques habitants croient encore à l'existence du tunnel et un propriétaire de pub refuse de rénover sa cave à cause de ce qui « vit sous le sol ».”
Picasso à l'Hôtel de Lazerme – années 1950
Au cours des étés tranquilles de l'après-guerre, dans les années 1950, Pablo Picasso se retirait à Perpignan et séjournait dans le charmant Hôtel de Lazerme, près de la place de la Loge. La maison appartenait à son amie Paule de Lazerme, une aristocrate locale à l'âme artistique, que Picasso transforma en atelier temporaire.
Il peignait des céramiques dans le jardin, réalisait des croquis dans les salons roses et offrit même à Paule un collier en or en forme de tête de taureau. L'un de ses portraits la montre vêtue d'un costume catalan, le regard calme sous un foulard traditionnel. Beaucoup de ces œuvres ont ensuite été dispersées dans des collections privées et quelques-unes sont encore conservées par la famille.
Dalí déclare Perpignan centre de l'univers – 1963-1965
Un jour de 1963, l'icône surréaliste Salvador Dalí attendait à la gare de Perpignan lorsqu'il a vécu ce qu'il a décrit comme une révélation cosmique totale. « À ce moment-là, a-t-il déclaré, j'ai tout compris. »
Naturellement, il déclara la gare de Perpignan centre de l'univers. Il y revint en 1965, arrivant en train en grande tenue d'amiral, avec des pantoufles à pompons rouges, des statues de rhinocéros et un ocelot vivant en laisse.
Dalí peignit plus tard La Gare de Perpignan, une toile extravagante représentant des personnages flottants, des corps crucifiés et des trains roulant vers l'éternité. Aujourd'hui, la gare arbore toujours fièrement une plaque commémorant la vision « universelle » de Dalí.
Le squelette dans le mur – 1946
En 1946, alors qu'ils réparaient le Castillet, des ouvriers ont découvert une chambre secrète murée. À l'intérieur, ils ont trouvé le squelette d'un enfant vêtu de fragments de tissus raffinés datant du XVIIe siècle. Il n'y avait aucune trace écrite, aucun noble disparu et aucune explication. Certains ont murmuré qu'il s'agissait d'un scandale royal, d'autres ont évoqué les punitions de l'Inquisition et quelques-uns ont prétendu qu'il s'agissait d'un héritier illégitime caché à jamais. À ce jour, le mystère reste entier.
Une ville sous la ville
De nombreux bâtiments de Perpignan, en particulier autour de la place de la Loge et dans le vieux quartier, sont construits au-dessus d'un réseau de tunnels, de caves et de passages secrets datant de l'époque médiévale.
Selon la légende urbaine, il existerait même un tunnel secret reliant le palais des rois de Majorque au Castillet, qui aurait été utilisé par la royauté en fuite en temps de crise. Les historiens locaux débattent de son existence, mais l'idée que des rois se soient échappés par les égouts et les canalisations d'évacuation des eaux pluviales est restée ancrée dans la tradition locale.