Perpignan médiévale – Rois, sièges et gloire

Les comtes s'installent – 1000 après J.-C.

Au début du XIe siècle, Perpignan n'était plus un village endormi. Les comtes de Roussillon en firent officiellement leur résidence et déplacèrent le pouvoir d'Elne, plaçant Perpignan au centre de la politique locale.

La ville primitive s'est développée autour du château et de l'église, à l'intérieur d'une enceinte protégée appelée « cellera », qui constituait le cœur fortifié typique des villes médiévales catalanes. Un ensemble de rues sinueuses, d'ateliers et de maisons en pierre a commencé à s'étendre vers l'extérieur et les premiers véritables « quartiers » sont apparus.

L'essor des corporations – années 1100

Au XIIe siècle, Perpignan était une ville très animée par le commerce. Des rues entières étaient consacrées à des métiers spécifiques : les charpentiers sur la Carrer de la Fusteria, les potiers sur la Carrer dels Ollers, les orfèvres et les tisserands travaillant à la lueur des bougies.

Les artisans formèrent de puissantes guildes, réglementant les prix, les normes et l'apprentissage. Le plan de la ville reflétait même sa structure sociale, avec des ruelles étroites pour les artisans et des maisons plus spacieuses avec cour, appelées coronells, pour les marchands plus riches.

Les Templiers construisirent une forteresse à l'extérieur des murs et un nouveau quartier appelé Safranar (le champ de safran) vit le jour. Le commerce était en plein essor et la réputation de Perpignan grandissait dans toute la région.

Autonomie et fierté civique – 1197 après J.-C.

En 1197, Perpignan connut un moment important de son histoire lorsque le roi Alphonse II d'Aragon lui accorda une charte municipale. Cela signifiait que la ville pouvait élire ses propres consuls, lever des impôts, entretenir ses remparts et administrer la justice avant même que Barcelone ne dispose de ces droits.

Perpignan avait désormais son propre blason, sa propre mairie et les prémices d'une identité indépendante. La devise de la ville devint « Fidelíssima Vila », ou la ville la plus fidèle, et elle était fière de son nouveau rôle de capitale du Roussillon.

L'arrivée des rois de Majorque – 1276 après J.-C.

À sa mort en 1276, le roi Jacques Ier d'Aragon divisa son royaume entre ses fils. L'un d'eux, Jacques II, devint roi du royaume nouvellement créé de Majorque et choisit Perpignan comme capitale continentale.

Pour montrer qui était le chef, Jacques II fit construire le palais des rois de Majorque, perché sur une colline juste à l'extérieur de la ville. Achevé en 1309, il alliait l'élégance gothique à la puissance militaire, avec des chapelles royales, des jardins, des cours et une vue directe sur la ville.

Au cours de cette période dorée, Perpignan prospéra. Elle était un centre politique majeur, un centre commercial relié à Collioure et un lieu animé, plein de musique, de marchés et de marchands venus de toute la Méditerranée..

Guerre, invasion et un roi dans les égouts – 1285 après J.-C.

Bien sûr, la paix ne dura pas. En 1285, le roi Pierre III d'Aragon envahit le royaume pour s'emparer du royaume de Majorque. Il prit d'assaut Perpignan pendant la semaine de Pâques et s'empara du palais, emprisonnant le roi Jacques II dans sa propre chambre !

Mais c'est là qu'intervient la légendaire évasion : Jacques II se serait enfui par un tunnel qui menait de sa chambre jusqu'à la périphérie de la ville, probablement un ancien égout pluvial, et se serait échappé déguisé pour disparaître en Catalogne..

La peste et la perte de la couronne – 1344 après J.-C.

Les jours de gloire de Perpignan sous les rois de Majorque prirent fin en 1344, lorsque le roi Pierre IV d'Aragon conquit la ville et annexa le royaume. La cour royale avait disparu et Perpignan était de nouveau sous la couronne d'Aragon.

Puis vint le désastre lorsque la peste noire frappa en 1348, tuant la moitié de la population de la ville. Les rues se vidèrent, les commerces fermèrent et les cloches de Saint-Jean sonnèrent presque tous les jours. Il fallut des décennies pour se remettre de cette catastrophe.

Mais les remparts de la ville étaient solides et son esprit encore plus fort. À la fin du XIVe siècle, Perpignan était à nouveau en pleine expansion, avec des fortifications agrandies, des marchés florissants et une population de Catalans farouchement indépendants..

Louis XI frappe à la porte – 1463 après J.-C.

Au milieu du XVe siècle, la France commença à s'intéresser à la région. En 1463, le roi Louis XI de France s'empara de Perpignan en garantie d'une dette impayée. La population était furieuse, car elle se considérait comme catalane et non française.

Perpignan résista et les citoyens demandèrent l'aide du roi d'Aragon, mais en vain. En 1474-1475, les forces françaises assiégèrent la ville pendant des mois et la population en fut réduite à manger des rats et des chats tandis que la maladie se propageait.

Joan Blanca et la chute de Perpignan – 1475 après J.-C.

La défense était dirigée par le magistrat en chef de la ville, Joan Blanca. Il est célèbre pour avoir juré de « résister jusqu'à son dernier souffle » et même lorsque les Français exécutèrent son propre fils devant les murs de la ville, Blanca refusa de se rendre.

Mais après neuf mois de combats acharnés, Perpignan ne put tenir plus longtemps. Elle tomba aux mains de Louis XI en mars 1475 et Joan Blanca fut exécuté peu après. Le roi d'Aragon honora la ville en lui attribuant le titre de « Fidelíssima », la plus fidèle, pour sa résistance.

Retour en Espagne – 1493 après J.-C.

Dans un dernier rebondissement, le fils du roi de France, Charles VIII, rendit Perpignan à l'Espagne en 1493 afin de maintenir la paix avant de lancer sa propre guerre en Italie. Ce jour-là, les citoyens firent la fête, les cloches des églises sonnèrent et les drapeaux catalans flottèrent à nouveau.