Renaissance et début de l'ère moderne à Perpignan
La cathédrale fait peau neuve – années 1500
Au début du XVIe siècle, Perpignan était de nouveau sous domination espagnole et faisait partie de la couronne d'Aragon, qui fut plus tard absorbée par l'Espagne des Habsbourg. La ville conservait fièrement son identité catalane, mais son architecture commençait à refléter les goûts de la Renaissance.
La cathédrale Saint-Jean-Baptiste, construite à l'origine dans le style gothique, fut progressivement rénovée. Un imposant retable baroque fut installé, les chapelles furent agrandies et la place de la cathédrale devint un lieu de rassemblement pour les marchés, les spectacles et les défilés.
À proximité, le Campo Santo, le cimetière cloître de Perpignan, continua d'être utilisé. Il reste aujourd'hui le plus grand et le plus ancien cloître-cimetière de France et accueille des concerts et des spectacles de théâtre en plein air.
Les troubles religieux se préparent – années 1540
Alors que la Réforme protestante se répandait à travers l'Europe, la tension montait dans la ville catholique de Perpignan. En 1546, plus de 50 protestants furent exécutés dans la ville voisine de Céret et l'influence de l'Inquisition espagnole n'était jamais loin.
Fortifiée et concentrée – années 1500-1600
Perpignan était une ville frontalière, et les frontières étaient synonymes de combats. Tout au long des XVIe et XVIIe siècles, les fortifications de la ville furent sans cesse améliorées, avec des murs plus épais, des douves plus larges et des bastions en forme d'étoile.
Le Castillet, autrefois une porte médiévale, servait désormais de prison et de forteresse. À l'intérieur, on peut encore voir aujourd'hui des graffitis datant des années 1600, gravés dans la pierre par les prisonniers.
Le tracé des rues de Perpignan devint plus militaire et certains bâtiments furent destinés au cantonnement des troupes. Même les places paisibles étaient équipées de canons.
Les Camisards et la prison de la citadelle – 1703
Au début des années 1700, de nombreux rebelles protestants camisards des Cévennes furent arrêtés. Plus de 800 d'entre eux, hommes, femmes et enfants, furent déportés à la citadelle de Perpignan et détenus dans des conditions épouvantables, sans procès, pendant des années.
Le commandant de la prison a même refusé de libérer ceux qui avaient obtenu grâce. Les survivants ont plus tard décrit des cellules minuscules, une faim constante et des enfants mourant dans l'obscurité. C'est l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire religieuse de la ville, dont on se souvient rarement.
La France prend définitivement le pouvoir – 1659
Après des siècles de conflits entre la France et l'Espagne, le traité des Pyrénées fut signé en 1659, et Perpignan fut officiellement rattachée à la France. Pour de nombreux Catalans, ce fut une trahison. L'Espagne avait cédé l'ensemble du Roussillon à son voisin du nord.
Le roi de France, Louis XIV, envoya ses ingénieurs renforcer encore davantage les remparts sous la direction de Vauban, le grand architecte militaire. La ville fut transformée en une véritable ville de garnison française.
Entrée en scène du maréchal – années 1700
Le dirigeant français le plus excentrique de Perpignan fut probablement le maréchal de Mailly, qui gouverna la ville au milieu du XVIIIe siècle. Homme aux goûts théâtraux, il élargit les boulevards, construisit un théâtre et aurait fait construire un passage secret reliant sa résidence privée à l'opéra.
Une ville de contradictions – Fin du XVIIIe siècle
À la fin du XVIIIe siècle, Perpignan était un mélange d'ancien et de moderne. Des façades baroques bordaient les rues médiévales étroites. Les prêtres côtoyaient les étudiants libres d'esprit. Certaines familles ne parlaient encore que le catalan, tandis que d'autres se revendiquaient fièrement françaises.